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Cette lettre ouverte sera envoyée à M. Yvan Gauthier,
président-directeur du CALQ, le 15 juin 2011. Si vous faites partie de
la communauté professionnelle des arts médiatiques du Québec (artiste,
technicien-ne, académicien-ne, travailleur-euse culturel, etc) ou que
vous représentez un organisme qui en fait partie, vous pouvez appuyer
cette lettre en y ajoutant votre signature <strong>avant le 10 juin
2011</strong>
<p> (voir instructions plus bas).</p>
<hr>
<p>À l'attention de M. Yvan Gauthier, président-directeur du CALQ.</p>
<p>Par la présente, nous souhaitons porter à votre attention une
problématique que nous croyons de première importance dans les arts
numériques au Québec et au Canada : l'importance pour le milieu de
favoriser le développement et l'utilisation d'outils logiciels et
électroniques libres.</p>
<strong>Contexte</strong>
<p>Les logiciels libres ont fait leur apparition dans les années 1960
et 1970. C'est en 1984 que le logiciel libre devient un mouvement, avec
la création par l'informaticien Richard Stallman de la licence libre
GNU : en moins de trente ans, les règles de transparence du
développement, de gratuité, de création et de gestion collectives ont
fait émerger des centaines de milliers de logiciels et de projets
utilisés dans toutes les sphères de la société.</p>
<p>Les logiciels libres donnent la liberté aux utilisateurs d'exécuter
le programme, d'en étudier le fonctionnement, de l'améliorer, d'en
distribuer des copies gratuitement ou non et de partager leurs versions
modifiées.</p>
<p>La fonctionnalité, la fiabilité et la qualité des grands logiciels
libres leur ont assuré un succès mondial : ainsi, 60 % des serveurs Web
de la planète utilisent un logiciel libre, et Google a choisi de
distribuer sa plate-forme pour les technologies mobiles Android sous
licence libre.</p>
<p>Dans le milieu artistique, les logiciels libres ont pris une ampleur
considérable. Plusieurs logiciels libres généralistes ou spécialisés
dans un médium ont fait leur apparition dans les dernières années et
sont utilisés par des artistes professionnels : PureData, Processing,
Arduino, Blender, GIMP, Audacity, Ardour, Toonloop, Gephex, Freej,
Cinerella, OGRE, etc. Ils permettent le traitement du son, de l'image,
de la vidéo, la création 3D, l'édition de jeux vidéos, l'accès aux
réseaux, aux protocoles scéniques, aux matériels fixes et embarqués
ainsi qu'à la robotique.</p>
<p>Ces logiciels sont utilisés par les artistes car ils sont à la fois
gratuits, performants et faciles d'utilisation. Parce qu'ils sont
ouverts et souvent documentés dans de nombreuses langues, ils
facilitent leur appropriation par les artistes et favorisent la
recherche et la création de nouvelles formes d'art. De plus en plus
d'artistes intègrent également dans leur pratique artistique le
développement de logiciels et de matériaux libres : ils créent leurs
propres outils plutôt que de travailler avec des outils déjà existants.
C'est l'art qui donne forme à l'outil et non l'outil qui dicte la forme
de l'art.</p>
<strong>Les avantages du Libre</strong>
<ul>
<li>Les formats de fichiers ouverts facilitent la pérennité des
œuvres en garantissant l'accès et l'interopérabilité entre les
programmes</li>
<li>Facilite les collaborations entre les disciplines en favorisant
les croisements entre ingénieurs, informaticiens, mathématiciens et
artistes</li>
<li>Permet une cohésion et un effet de synergie des milieux culturels
et technologiques</li>
<li>Facilite l'acquisition et le partage des connaissances au niveau
local ainsi qu'une ouverture sur le monde</li>
<li>L'investissement dans le développement d'outils libres pour des
projets artistiques retourne directement à la collectivité</li>
<li>Encourage le développement d'une industrie culturelle et
technologique dont les retombées bénéficient au milieu artistique</li>
<li>Source de revenus pour ses créateurs, par le biais d'une économie
de services</li>
<li>Encourager les artistes à utiliser le Libre se traduit par des
économies d'échelle importantes</li>
<li>Permet à tous de prendre part au développement de la technologie
numérique</li>
<li>S'affranchit du piratage logiciel grâce à des licences
d'utilisation qui permettent l'accès libre au code tout en protégeant
le droit d'auteur [2]</li>
<li>Promeut la liberté créative logicielle et artistique des
individus, en n'associant pas la création artistique à une simple
consommation de logiciels ou de matériels. Les logiciels libres offrent
plus de liberté, les créateurs s'approprient leurs propres outils</li>
</ul>
<p>Or, les programmes des Conseils des Arts ne sont pas adaptés à cette
nouvelle culture artistique qui requiert pourtant du soutien afin
d’assurer le développement et le maintien de projets de logiciels ou de
matériaux libres. Il nous semble aujourd'hui crucial que ces
institutions mettent en place des programmes et lignes directrices
favorisant le développement d'outils et de pratiques libres.</p>
<p>Le développement d'outils libres va également dans le sens d'une
participation à une culture ouverte mondialisée qui propose de partager
des outils communs. Cette culture qui est largement adoptée ailleurs
dans le monde tarde à être encouragée par les institutions publiques au
Canada et au Québec.</p>
<strong>Proposition</strong>
<p><em>Pour les programmes de bourses à la recherche et la création des
artistes en arts numériques</em></p>
<p>Nous suggérons que le Conseil :
</p>
<ul>
<li>Propose aux artistes de s'informer sur les solutions libres déjà
existantes avant de soumettre une demande et les aide à se diriger vers
les centres qui mettent à leur disposition des ressources pouvant
répondre à leurs besoins de développement novateurs.</li>
<li>Ajoute des fonds au programme de recherche-création afin
d'orienter le développement d'outils de pointe de manière à ce qu'ils
soient facilement partagés avec d'autres. Il s'agit de permettre aux
artistes de bien documenter et de partager le produit de leur recherche
créative.</li>
<li>Bonifie les montants alloués à l'expertise technique dans les
demandes de bourse, de manière à permettre aux artistes qui cumulent
les expertises technologiques de compter sur leurs propres moyens et de
dépasser l'enveloppe de subsistance allouée, leur permettant de se
considérer comme leur propre technicien.</li>
<li>Considère les développeurs en informatique et électronique qui
orientent leur action sur des outils créatifs comme des travailleurs
culturels.</li>
</ul>
<p><em>Pour les centres de production</em></p>
<p>Nous suggérons que le Conseil : </p>
<ul>
<li>Favorise les centres de production qui permettent à la fois le
développement d'outils libres ainsi que le transfert des connaissances
sur le libre sous forme d'ateliers, de résidences et de plateformes de
partage communes.</li>
<li>Permette aux centres de se structurer afin de développer leurs
capacités d'accueil et des expertises complémentaires en offrant plus
de postes de techniciens capables de répondre aux besoins en constante
évolution des artistes en art numériques.</li>
<li>Encourage, à l'instar de l'Organisation internationale de la
francophonie, le développement de matériel didactique en français [3].
La langue est, pour plusieurs, un obstacle à la pleine participation à
la culture numérique.</li>
<li>Reconnaisse dans ses programmes que le développement d'outils
libres se déroule aux niveaux individuels et collectifs, dans les
centres de production comme les milieux universitaires et industriels.
Favoriser les programmes de développement croisé faisant appel à
plusieurs partenaires permet une forte intégration des ressources qui
profite à tous les intervenants.</li>
</ul>
<p>Nous croyons qu'il est important que le Conseil se penche sur cette
question dans sa réflexion sur le développement de nouveaux programmes
et sur la révision de programmes existants, notamment par le soutien
d'initiatives de développement de logiciels libres et d'une stratégie à
plus long terme visant l'appropriation par les artistes de leurs outils
de production.</p>
<p>Cordialement,</p>
<p>[SIGNATURES (*)]</p>
<p>[1] Le manifeste GNU, voir <a class="http"
href="http://fr.wikisource.org/wiki/Manifeste_GNU">http://fr.wikisource.org/wiki/Manifeste_GNU</a><br>
[2] En effet les licences libres permettent de « donner à quiconque la
permission d'exécuter le programme, de le copier, de le modifier et
d'en distribuer des versions modifiées - mais non la permission
d'ajouter des restrictions de son cru » (Richard Stallman, Le projet
Gnu <a class="http" href="http://www.gnu.org/gnu/thegnuproject.fr.html">http://www.gnu.org/gnu/thegnuproject.fr.html</a>)
garantissant ainsi pour l'auteur la reconnaissance de sa contribution
et l'accès aux modifications et améliorations apportées au logiciel<br>
[3] Voir par exemple: <a class="http"
href="http://fr.flossmanuals.net/Puredata/Introduction">http://fr.flossmanuals.net/Puredata/Introduction</a>
</p>
<hr>
<p>(*) Pour ajouter votre nom ou votre organisme à la liste des
signataires, veuillez faire parvenir un courriel à l'adresse suivante: <a
class="mailto" href="mailto:libre2011@perte-de-signal.org">libre2011@perte-de-signal.org</a><br>
Ce dernier devra contenir les informations suivantes:
</p>
<ul>
<li>Pour un individu: Nom, Prénom, Titre (court) (qui devrait
expliquer le lien entre la personne et la lettre). Exemple: John Doe,
artiste en arts numériques</li>
<li>Pour un organisme: Nom et prénom du/de la président/e ou
directeur/trice, Titre, Nom de l'organisme, Ville. Exemple: Sarah
Tremblay, présidente, Productions Fictives, St-Jean</li>
</ul>
<p>Date limite pour ajouter votre signature: <strong>10 juin 2011</strong></p>
</body>
</html>